La fiche signalétique de Khalifa Sall offre en façade deux postures éminemment différentes de l’homme. Avant son emprisonnement, l’ancien maire de Dakar était d’une sérénité absolue et adoptait pour la plupart un profil bas dans la jungle politique. Mais après plus de 900 jours d’épreuve carcérale, Khalifa a grandi en expérience car il aurait très bien compris que c’est l’inaperçu qui gouvernerait le monde et qui veut s’en sortir doit faire face et non se dérober.
Quand le commun des mortels soutient trivialement que la prison est le chemin le plus court pour qu’un homme politique entre au Palais de la République, ceci ne serait guère de l’utopie mais une vérité admissible. Et Khalifa Sall ne le démentira pas car il ne savait pas qu’en politique, aussi controversé que cela puisse paraitre, le mot trahison procède d’une question de temps. Et le temps que lui a consacré la caisse d’avance lui aura revitalisé l’esprit et ouvert les yeux sur un monde cruel où quand on se veut une très bonne pâte, on finit forcément dans le pétrin. Ce qui semble vraisemblablement être son cas. A l’évidence, on ne saurait reprocher au Macky de procéder à la réédition des comptes mais également on ne saurait occulter la dimension politique de l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar. Contextuellement, Khalifa voulait d’un candidat pour les verts alliés du régime lors du dernier scrutin présidentiel et certains ne pouvaient jamais comprendre une telle volteface de l’ordre contingent. Et la suite est connue de tous même si l’on concède que la caisse d’avance comporte des travers juridiques susceptibles d’être exploités par Dame Justice sans personne ne trouve à en redire. En effet Khalifa Sall est sorti de prison plus aguerri que jamais car n’eut été la prison, il n’aurait jamais compris le sens de son combat politique. Aujourd’hui élargi à la faveur d’une conjonction de chance, retrouver ses droits fondamentaux devient un sacerdoce. Car, c’est ce qui lui permettra d’aller là où il voudrait aller. Et le duplex qui s’offre de lui en termes de fronts n’est guère reluisant. Sauver les meubles d’un Ps naguère endeuillé et recouvrer ses prérogatives d’antan afin de poursuivre son combat politique. C’est là, tout son dilemme cornélien.
