C’est lors de son dernier sommet, tenu à Abuja, que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a décidé que la future monnaie unique de la zone, dénommée l’Eco, entrera en vigueur en 2020. Cette décision découlait de la proposition issue de la rencontre des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales des pays de la zone, lors de leur rencontre les 17 et 18 juin dernier à Abidjan. En passant, il faut noter que Macky Sall n’avait pas pris part à la rencontre de la Cedeao à Abuja.
L’enthousiasme passé, beaucoup des dirigeants, à tête reposée, ont commencé à mesurer les
effets et les conséquences de leurs décisions. Et pour le cas du Sénégal, il faut déclarer que même les plus ardents pourfendeurs du Franc Cfa ont considéré que les dirigeants de la Cedeao brûlaient les étapes et risquaient de s’engager vers une voie sans issue. C’est peut-être également cela que Macky Sall a voulu prendre en compte. Au-delà des sourires de façade, les dirigeants de la zone Uemoa vont s’engager vers l’instauration de la monnaie unique de la Cedeao, l’Eco, à reculons. Des confidences du Président Macky Sall, recueillies auprès de certains de ses proches, indiquent nettement que le dirigeant sénégalais, comme certains de ses pairs, ne voudrait pas trop vite brûler les étapes et s’engager dans une aventure aux conséquences non maîtrisées. Les personnes qui ne cachaient pas leur scepticisme de voir la future monnaie de l’Afrique de l’Ouest, l’Eco, prendre son envol pourraient finir par avoir raison. Il semblerait que même certains des plus importants acteurs de cette mise en œuvre n’y croient pas beaucoup. Le Quotidien a appris de personnes très proches du chef de l’Etat sénégalais que le Président Macky Sall est l’un de ceux qui pensent que, dans ce domaine, il urge de se hâter lentement. Le Sénégal, comme beaucoup de ses pairs de la zone Franc, ne voit pas d’un bon œil une monnaie qui serait arrimée à la monnaie nigériane, le naira.Le chef de l’Etat sénégalais a confié à des proches que les dirigeants de la zone Cfa de l’Afrique de l’Ouest ne se sentaient pas enclins à abandonner une monnaie forte, garante de la stabilité économique et sociale de ses pays membres, pour se lancer dans l’aventure d’une monnaie à l’avenir incertain. Indiquant à ses confidents que certains de ses pairs comme Alassane Dramane Ouattara pensaient comme lui, le dirigeant sénégalais a souligné qu’ils étaient disposés à une réforme de la zone Cfa, et même à abandonner l’appellation, pour pouvoir attirer d’autres pays, tels que la Guinée ou même le Ghana, s’ils souhaitaient venir dans la zone ainsi réaménagée. Macky Sall a indiqué que la monnaie Cfa de l’Uemoa a assis sa crédibilité sur une forte discipline financière et budgétaire que se sont imposés les Etats membres. Aucun desdits pays n’était disposé à y renoncer pour accrocher son économie à la monnaie du Nigeria, dont les cours risqueraient de dépendre des humeurs de certains dirigeants politiques à Abuja, la capitale politique du pays.