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Aujourd’hui, 10 avril 1977 : Léopold Sédar Senghor adopte une loi contre le « massacre » des langues locales

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Face au massacre des langues nationales dont l’usage se fait le plus souvent sans aucun respect de l’alphabet, le président Léopold Sédar Senghor décide de remettre de l’ordre pour rendre leur dignité aux langues locales. Avec l’adoption de la loi N° 77-55 du 10 avril 1977, le problème de la transcription hasardeuse et maladroite devrait être évité.

A défaut de faire d’une de nos langues locales la langue officielle du pays, les autorités ont adopté successivement des lois et pris des décrets pour les « maintenir en vie ». Malgré l’indépendance, la francisation des langues locales dans leur transcription avait fini de démontrer la légèreté avec laquelle les Sénégalais considéraient leurs propres langues et par conséquent leur propre culture. L’acculturation était ainsi constatée et nécessitait un « retour aux sources » selon Senghor.

Le contexte de l’adoption de cette loi du 10 avril était tel que le président Senghor, ayant en face de lui des adversaires politiques farouches défenseurs des langues nationales, dut donner un fort signal pour leur couper l’herbe sous les pieds. Parmi les figures de proue de ce combat pour la réhabilitation et l’introduction des langues locales dans l’enseignement, on peut citer Cheikh Anta Diop, Pathé Diagne et Majmouth Diop. Pour ces nationalistes, il faut rompre à tout prix avec la politique de francisation. En effet Cheikh Anta Diop affirmait dans ce sens que « l’unité linguistique sur la base d’une langue étrangère, sous quelque angle qu’on l’envisage 

Malgré le grand pas effectué ce 10 avril 1977, la transcription des langues locales n’est guère respectée. A la tête de ceux qui violent ladite loi, il y a les publicistes qui se délectent d’écrire leurs messages souvent dans un wolof francisé, c’est-à-dire avec l’alphabet du Français. Viennent ensuite les politiciens qui, lors des campagnes électorales, transcrivent leurs slogans de campagne comme bon leur semble. Enfin, les médias nationaux, tous supports confondus, jouent habilement leur rôle dans le massacre des langues locales. Ce refus de se conformer à la loi en question est une gravissime et constitue une violation qui ne doit pas être sans punition. Ce manque d’égard à nos six langues nationales (diola, malinké, wolof, sérère, soninké et poular) est d’autant plus flagrant qu’il viole le décret n° 2005-992 du 21 octobre 2005 relatif à l’orthographe et la séparation des mots en wolof.

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