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AN 1 du rappel à Dieu de Cheikh Ahmed Tidiane Sy « Al-Maktum », un intellectuel total

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Ce jeudi 15 mars 2018, les Sénégalais se rappellent le décès de Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al Makhtum, Khalife général des Tidianes. À cette occasion, un hommage lui est rendu par Hadji Samba Amadou Diallo de l’université Washington à Saint-Louis (Usa), dans ce texte parvenu à Seneweb.

On est arrivé à un moment où, si l’on ne prend pas garde (2 fois), le nombre de marabouts dépassera celui des disciples, et le nombre de politiciens celui des électeurs (rires). Et ce sera la fin du monde (Gàmmu de Tivaouane, 2011).

Léegi nak dano tollu ci jamono bu nga xam ni, bu ñu wottuwul, bu ñu wottuwul, nomburu sëriñ si dana dem ba ëpp nomburu taalibe yi. Bu ñu wottuwul itam nomburu politiciens yi dana dem ba ëpp nomburu électeurs yi. Bu ko defee àdduna tukki benn yoon.

Ainsi par ce titre Bourdieu rendait hommage à Sartre, pourtant en désaccord avec lui sur un certain nombre de choses… Mais le sociologue reconnaissait tout de même au philosophe ses qualités multidimensionnelles et surtout ses vues d’intellectuel de pointe. Avec la mort de Sartre, de Bourdieu et de Derrida, d’aucuns ont commencé à parler de la fin de l’intellectuel total en France, celui qui adoptait un point de vue particulièrement public sur toutes les questions touchant l’humain ou la société. Toutefois les idées philosophiques discutées par ces auteurs et d’autres non moins importants, sont aussi débattues par leurs pairs en Afrique. Ceux-ci sont seulement éloignés des cercles intellectuels parisiens ou européens très en vue, et ils peuvent aussi même habiter un un petit village africain insoupçonné. Quelle est donc la contribution de ces intellectuels africains, ici sénégalais, à ces pensers de l’universel? Il me plairait d’avoir recours à l’École de Tivaouane pour montrer en quoi un de ses savants – proche de Senghor aussi –, a contribué à ce débat d’idées, mais dans une langue et un langage autres. Plusieurs mondes ont en effet influencé le penseur sénégalais Cheikh Ahmed Tidiane Sy plus connu sous le nom de Serigne Cheikh: Le Coran et la Sunnah d’abord puisque ses allocutions publiques sont faites de renvois aux textes canoniques; les guides religieux soufis tels que Shaykh Ahmad al-Tijani, les muqqadams de celui-ci et les savants sénégalais tels que son grand-père El Hadji Malick Sy; les poètes ou écrivains arabes tels que Ahmad Shawqi; les intellectuels français tels que Jean-Paul Sartre et Jacques Maritain; les changements sociaux dans le monde, etc.

Serigne Cheikh prenait le temps de ruminer les actualités et les textes de base avant de s’adresser au grand public. Il soutient que la parole mûrement réfléchie, sert (wax bu ñoree jariñ). Mais il faut s’instruire avant de prendre la parole en public, ou même d’écrire sur un sujet quelconque. C’est pourquoi je dis souvent que Serigne Cheikh s’adressait à l’élite (boroom xel yi) alors qu’actuellement Iran Ndao par exemple parle aux masses musulmanes et sénégalaises, et Serigne Babacar Sy « Njool Futa » aux deux.

Il n’est pas facile de parler de Serigne Cheikh au détour d’un article de presse tant les idées sur lui et venant de lui débordent la sphère publique sénégalaise. Il n’est pas non plus facile de croiser un Sénégalais surtout ceux évoluant dans le milieu urbain qui ne sache un peu des maximes du rhéteur (waxi Sëriñ Seex). Je voudrais donc ici, pour lui rendre hommage, baliser quelques pistes de recherche sur sa pensée épistémologique, philosophique et sociologique pour les jeunes générations.

Sur la nécessité de rompre avec les distinctions binaires
Devrait-on donc avant de commencer à explorer la pensée de Serigne Cheikh d’interpréter sa posture d’explicitation du réel comme celui de l’intellectuel de la déconstruction et du changement social. Il a souvent appelé à adjoindre l’école coranique à l’école dite moderne et vice versa, pour une meilleure lecture et une compréhension plus adéquate de la société. Selon lui, il faut inviter les universitaires (francisants) dans les mosquées et les gens de daara (arabisants) dans les universités. Le Sénégal ne pourra se développer que lorsque le rapprochement entre ces deux foyers de savoirs est fait (Conférence à Rufisque, 1971). Voilà pourquoi, dans les années 1950, il avait invité l’historien Cheikh Anta Diop à Tivaouane pour rencontrer son père, le Khalife Ababacar Sy. Pendant trois heures, Diop leur donnait un cours magistral sur la nécessité de reboiser le Sénégal pour arrêter les risques de sécheresse. Serigne Cheikh dit qu’il n’ont réalisé le danger de l’affaire que lorsque la sécheresse a fini de faire des ravages dans le monde rural. L’historien panafricaniste parle également de l’intelligence de Serigne Cheikh et de Serigne Cheikh Mbacké dans L’Afrique noire précoloniale. Le dialogue entre l’université et l’école coranique se fait de plus en plus maintenant par des universitaires venant de la daara ou des universitaires francisant ouverts aux différentes valeurs africaines ou en tout cas rejetant certaines idées colonialistes de séparation, de division, de distinction; idées du reste très présentes dans la société sénégalaise d’aujourd’hui avec notamment, mais aussi paradoxalement et pour ma cause, une seule langue étrangère comme langue officielle du Sénégal!

Dans la même veine de rupture épistémologique, Serigne Cheikh répond à ceux qui disent que les marabouts ne doivent pas faire de la politique: « Nun masu noo deñ di boole diine ak pólitik. Ndax daara ji danu cee jàng pólitik, jàng ci diine » ou [nous (guides religieux) n’avons jamais cessé de mêler la religion à la politique. C’est parce qu’à l’école coranique on apprend aussi bien la politique que la religion (Conférence à Tivaouane, 1982). La distinction entre religion et politique soi-disant très prononcée dans, et qui vient de, la laïcité française, ne l’est pas en réalité et nulle part ailleurs. Par exemple la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État ne mentionne pas le terme laïcité, inscrite dans la Constitution française qu’en 1946. C’est le président de la république française qui nomme par décret l’archevêque de Strasbourg et l’évêque de Metz. Pour montrer aussi bien en France (même si l’Alzace et la Moselle sont des exceptions) qu’au Sénégal, la séparation n’est pas nette, et elle est même un sens. Selon Serigne Cheikh, le politique sous-tend le religieux « Diine bootul p?litik. p?litik moo boot diine. Lu woor la » (Conférence à Tivaouane, 1982), et non le contraire précise-t-il. Plus en profondeur, ce sont les hommes politiques qui choisissent ou en tout cas légitiment les hommes religieux (Gàmmu de Tivaouane, 2005), et inversement faut-il ajouter. Gandhi disait à ce propos que ceux qui pensent que la religion doit être séparée de la politique ne comprennent ni la religion ni la politique.

Donc la question qui doit être posée est bien celle-ci: Comment les marabouts doivent-ils faire la politique? Serigne Cheikh rappelle souvent ce qu’El Hadji Malick Sy disait que l’homme ne doit vivre ni de la religion ni de la politique. Lui, reformule cette assertion de différentes manières dont la plus vibrante est: « il n’est pas digne d’un homme de vivre de la politique ou de la religion » ou (p?litik du métier ku koy dunde doo g??r. Diine du métier ku koy dunde doo g??r). Donc la profession « chef religieux » comme on peut l’apercevoir accolée au nom de certains candidats lors des élections législatives du 30 juillet 2017 est une aberration dans cette démocratie de pays à majorité musulmane.

Ce qui pose en dernière instance la question de l’opposition entre islam et démocratie.  Serigne Cheikh ne voit pas d’incompatibilité entre ces deux entités. Pour lui, la démocratie tire ses forces dans les enseignements du Coran (« L’islam et la démocratie », Conférence à Guédiawaye, 1980). Il faut dire aussi que dans les années 1960-70, Serigne Cheikh s’inspirait également sinon beaucoup de la philosophie de Jacques Maritain, ce savant bergsonien devenu catholique et proche des enseignements de Saint Thomas D’Aquin. Les idées maritainiennes d’humanisme thoécentrique ont aussi déteint sur l’approche du social politique des Papes Paul VI et Jean-Paul II. Bref, Maritain poursuivant ses correspondances avec De Gaulle devint l’artisan de la Constitution de la IVe République française en 1946, de même que l’édificateur de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme en 1948, et d’autres Chartes. Il est intéressant de savoir que c’est Maritain qui a aussi inspiré les principes démocratiques incarnés par Eduardo Frei Montalva et son mouvement Falange avant la Deuxième Guerre mondiale en Chili (José Casanova, « Catholicism, Gender, Secularism, and Democracy: Comparative Reflections », in Jocelyne Cesari and José Casanova, eds., Islam, Gender, and Democracy in Comparative Perspective, New York: Oxford University Press, 2017, p. 50). Si donc le catholicisme politique a inspiré beaucoup de démocratie dans le monde, pourquoi pas l’islam politique? Est-il possible de lire la démocratie sénégalaise à partir des enseignements des marabouts sénégalais toutes confréries confondues?

Serigne Cheikh disait que Cheikh Ahmadou Bamba et El Hadji Malick Sy ne sont pas des marabouts mais des universalistes, c’est-à-dire que leurs pensées et enseignements sont chargés de valeurs que tout citoyen du monde peut utiliser. Font-ils donc partie de ces pères fondateurs de la démocratie sénégalaise comme invite à le penser Abdoul Aziz Mbacké Majalis? En tout cas, les pères fondateurs des laïcités et des démocraties européennes et américaines ne sont pas connus des masses sénégalaises et je doute même de l’élite politique ou universitaire. Qui connait sérieusement la philosophie des Ferdinand Buisson, Jean Jaurès, Aristide Briand, John Locke, Thomas Hobbes, Emmanuel Kant, Alexis de Tocqueville, Thomas Jefferson, Abraham Lincoln, John Rawls, John Stuart Mill, Pierre Bayle, Roger Williams, etc. La laïcité de coopération et non de combat et la démocratie de coopération entre les religieux et les politiques s’inspirent aussi des religions sénégalaises. En définitive, la pensée universaliste de Serigne Cheikh peut se résumer un tryptique interconnecté: religion (diine), tradition et coutumes (aada) et temps du monde (jamono).

Religion (Diine)
Selon Serigne Cheikh, le Prophète Muhammad n’a pas été envoyé aux hommes pour les forcer à adhérer à l’islam, mais plutôt pour transmettre la parole de Dieu. C’est tout le sens et la portée du verset Iqra qui est d’apprendre dans le but de transmettre un message. Pour lui l’acte d’apprentissage est primordial puisqu’il permet de se connaitre d’abord. Celui qui ne se connait pas ne connaitra pas Dieu: « Ku xamul sa bopp do xam sa borooom ». Une fois le savoir acquis, le communicateur doit savoir à qui, d’où, quand, de quoi parler avant de prendre la parole en public. Il faut également parler rappelle-t-il pour instruire le public et non pour séduire son auditoire, ce que font les Sénégalais en général. Enfin pour Serigne Cheikh, Le Coran est un texte inchangeable mais fait d’interprétations à la fois diverses et particulières. D’où donc Le Coran n’agit pas c’est plutôt l’homme qui agit au nom du Coran (Conférence à Diourbel, 1969).

Traditions et coutumes (aada)
Selon El Hadji Malick Sy, les tares prises de la société dite traditionnelle peuvent se popager pour enfin nuire à la religion: « Senegaal baayi nañu aada bamu sax seel. Maag na ba sax seel ». Il ajoute que dans ce pays, la religion islamique ne supplantera jamais les traditions coutumières et familiales: « c’est toujours la tradition qui vaincra sur la religion » ou « Senegaal diine du fi mës a daan aada. Aada rekk mooy jël diine door ko ci suuf ». Combien de fois a-t-il répété ces formules de son grand-père? Pour Serigne Cheikh, l’Africain est aliéné non seulement par la colonisation mais aussi par sa quête « perpétuelle d’anthenticité africaine » alors que les valeurs fondatrices de ces cultures ont changé depuis et continuent de changer (Conférence en français, à Diourbel, 1969). Cultures, traditions et valeurs africaines ne sont pas des catégories figées. Pour lui, beaucoup de musulmans prient mais ne comprennent pas le sens de la religion ignorant que ce n’est pas la personne qui vénère Dieu c’est plutôt la personnalité de l’individu, et celle-ci doit être travaillée par l’éducation pour que les fruits de la prière soient efficaces.  Aussi fait-il la distinction en français entre la « valeur traditionnelle » (aada) et « la réalité essentielle » (haqiqa muhammadienne), qui est ce vers quoi tend tout musulman, d’être meilleur croyant et pratiquant. Prenons le voile pour donner un exemple d’amalgame entre diine et aada. Le port du voile est une tradition culturelle et un problème de choix personnel (Conférence à Dakar, 1987). Pour lui le poser en problème islamique, équivaut finalement à poser un faux problème pour encore plus de débats inutiles. Les fondateurs ou continuateurs de confréries (mag ñi) au Sénégal n’ont pas passé de trop de temps à pérorer sur le sujet du voile: ce n’était pas leur priorité, ajoute-t-il.
Dans ses conférences et ses écrits, Serigne Cheikh insiste beaucoup sur le rôle de la femme (jiggéen ñi) dans la société. Pour lui « la femme ne se distingue de l’homme que par l’acte de parturition » (Conférence, Diourbel 1969), ils se complètent car la femme est le miroir de l’homme qui est le miroir de Dieu (Gàmmu Sokhna Oumou Khayri Sy à Tivaouane, 1971; Conférence à Dakar, 1980). Il critique beaucoup l’attitude de l’homo senegalensis face à la femme. Il dit que l’homme est incapable de gérer un petit foyer alors qu’il se fait toujours dans l’autoritarisme et l’infatuation. (Góór ñepp a dof, jiggéen rekk a xam àdduna) [Conférence à Dakar, 1995; Gàmmu de Tivaouane, 2001; Conférence à Thiès, 1973]. Donc les exemples sont légion, et je pense que les départements de Gender Studies des universités et les mouvements dits féministes gagneraient à s’ouvrir à ses enseignements et au-delà à son École.

Le temps du monde (jamono)
Pour éviter le terme de modernité qu’on oppose insensément à la tradition, jamono est l’ère du temps ou le temps du monde. La maxime de Serigne Cheikh qu’il vaut mieux suivre (vivre) son temps que celui de son père, est connu de tous (niru sa baay niru sa jamonoo ko gënn). Comme signe des temps, il dénonce aussi les jeunes qui passent leur temps à fréquenter les mosquées ou faire certaines prières pour un gain immédiat. Il appelle les jeunes (ndaw ñi) à trouver un métier pour apprendre à s’accoutumer à la responsabilité de l’heure. Ils doivent avoir un bon comportement ou des prédispositions (jikko) et des dispositions (jumtukaay) pour être utiles à la société (Conférence à Dakar, 1996). Pour lui, le Sénégal ne pourra se développer que lorsque les jeunes seront déterminés à travailler et non de tout le temps accuser la conjoncture ou facilement se complaire à la fatalité.

Quelle est donc la conception de la fatalité, du destin et de la prédestination chez Serigne Cheikh? Là, je vais m’attarder un peu sur cette histoire qui revient souvent dans ses causeries. Il s’agit du nommé Moor Jama, personnage candide et à l’esprit limité, capable de prier des nuits entières pour demander 5.000 FCFA à Dieu. Et comme ça tarde à venir, il demande à Dieu d’abattre un arbre sur lui. Dieu exauce ses vœux sans délai. Moor se dérobe, et sur sa route de mésaventure, il rencontre un marchand. Celui-ci lui propose de l’aider à vendre ses marchandises et d’en partager le gain. Il accepte et s’en sort très bien. La grande leçon à tirer de l’histoire de Moor Jama est que rien n’est donné d’avance ou sans efforts, puisqu’il n’y a pas de destin forclos disait Fanon. C’est connu que chez Leibniz, Dieu trace la voie à suivre, mais chez Serigne Cheikh et à travers l’histoire de Moor Jama, l’homme a la capacité de donner formes aux évènements de la vie. L’interprétation de certains versets du Coran par Muhammad Iqbal ne va pas dans un sens autre que celui-là (voir également Souleymane Bachir Diagne dans « De Fato Mahometano: Leibniz and Muhammad Iqbal on Islamic Fatalism », Diogènes 226, 2010, p. 81).

Enfin sur les NTICs, le 27 décembre 1997 à Saint-Louis, Serigne Cheikh appelait à plus vigilance car les jeunes s’instruisent de plus en plus par l’Internet que par leurs parents. Il parle des bienfaits des nouvelles technologies mais insiste que les jeunes auront bien besoin de se ressourcer auprès des personnes adultes, car certaines idées piquées au vif sur Internet méritent bien d’être revues avant d’être répandues dans la masse. Donc seule une éthique bien guidée dans l’emploi des services de l’Internet peut servir à grand-chose. Serigne Cheikh soutenait dans les années 1970 que que si l’homme est avance sur son temps, il risque d’être incompris; s’il est en retard, il est purement et simplement « écrasé » comme il aimait à dire. Donc il faut un juste milieu, une balance entre diine, aada et jamano. Seul un islam « négocié » peut survivre dans le pays. Et quand le musulman « négocie » avec Allah, qu’il le fasse avec les normes sociales de son temps (jamono) et non suivant celles du temps des prophètes.

Conclusion
J’ai certes laissé de côté une multitude de thèmes développés par Serigne Cheikh. Par exemple sur son anthropologie sociale qui compare les différentes cultures sénégalaises surtout celle dominante Wolof, fondée pour lui sur la revendication d’une légitimité sociale: Wolof Njaay, Senegaal Njaay, Nit Ndjaay, etc.; sur le système des castes qu’il pense être le pire des péchés de l’ensemble des choses que Dieu a bannies (haram) sur terre; sur les croyances à l’anthropophagie ou sur la condamnation de la pratique de l’esclavage; sur le terrorisme international comme catégorie neutre car ne l’assignant pas exclusivement aux musulmans; sur le rap et le free style dans les daara; sur l’art de bien s’habiller ou la sape en comparant Français, Italiens et Britanniques; sur le soufisme des premiers temps pour ne pas dire primitif; sur les lenteurs administratives sénégalaises héritées de la colonisation; ses études philologiques sur les différences lexicales entre l’arabe, le français et les langues locales; sur l’astronomie; sur la finance islamique; sur les représentations ou caricatures du Prophète, et j’en passe.

Ma contribution était de dire que ça existe, et ça vaut la peine d’être fouillé et non un hommage définitif au penseur. Le meilleur et le plus grand hommage qu’on pourrait rendre à Serigne Cheikh viendra de sa famille, de ses frères et de ses proches disciples, notamment par l’ouverture de sa bibliothèque aux chercheurs, par l’édition et la diffusion de ses écrits aux grands publics sénégalais ou non, d’où la transcription et la traduction de ses conférences dans différentes langues, pour finalement embrasser cet universel dont il a tant fait l’éloge.

El Hadji Samba Amadou Diallo
Washington University in St. Louis
Centre d’études afro-américaines
ediallo@wustl.edu

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