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Interdiction de circuler au-delà de 22h : le Sénégal est-il en état d’urgence?

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Les autorités sénégalaises se plaisent à jouer aux pompiers après avoir alimenté à satiété un feu criminel. De source officielle, les accidents de la route causent la perte de 500 vies humaines par an. Le bilan est lourd en victime et la responsabilité est le plus souvent attribuée exclusivement aux conducteurs. Pourtant, les forces de l’ordre et les autorités publiques ne sont pas moins coupables que les chauffards.

Le problème de la sécurité routière ne peut être résolu par la seule mise en vigueur du permis à points. Pas au Sénégal en tout cas. De plus, si des mesures endogènes et adaptées ne sont pas prises, l’interdiction de circuler au-delà de 22 h ne servira qu’à transposer des accidents pouvant se passer la nuit, peuvent aussi se produire en plein jour.

Interdire des citoyens de vaquer à leurs occupations au-delà de 22h jusqu’à 6 h du matin, dans un pays stable qui ne connait ni l’état d’urgence, ni la guerre…c’est du n’importe quoi !

Ceci nous amène à nous poser un certain nombre de questions à savoir : -Que doit-on faire des malades qui doivent être évacués d’urgence à l’hôpital ? Que dire alors du défunt qui doit être conduit à la morgue ? Que dire de la femme enceinte qui est sur le point d’accoucher ? Pensez-vous peut-être que leur état attendra la levée du «couvre-feu» ?

L’Etat doit arrêter d’opter pour la facilité en vue de résoudre des problèmes sérieux. La véritable cause de la mortalité sur nos routes n’est nullement ignorée par les autorités publiques. Elles ne sont pas sans savoir que des voitures âgées de plus de 30 années circulent partout à travers le pays, et pourtant aucune mesure n’a été prise pour y remédier.

Le permis de conduire est obtenu souvent en échange d’une forte somme d’argent ou par l’entremise d’un ami qui connait un ami. Des voitures et de surcroît des transports en commun, en très mauvais état, obtiennent au vu et au su de tout le monde leur visite technique. Chose louche, et leurs propriétaires ne sont pourtant nullement inquiétés ni par la police ni par les autorités compétentes.

Bien au contraire, ces dernières n’ont jamais eu la clairvoyance de soulever le débat. Combien de chauffeurs sont arrêtés sur la route en état d’ébriété mais qui avec quelques billets de banque, réussissent à se tirer d’affaires. Combien de chauffards sans assurance ni visite technique sont immunisés par leur porte-monnaie ? Combien de bus « Tata » réduisent le nombre de sièges, juste pour charger plus de clients. Des bus sensés contenir une trentaine de personnes, en transportent une cinquantaine voire plus, et aucune réglementation n’est faite par l’Etat. Ce sont surtout ces problèmes qui sont la cause des accidents de la route.

Esquisse de solutions

Si les autorités compétentes sont réellement en quête d’alternatives pour réduire le taux de mortalité sur la route, elles n’auront qu’à se pencher sur les cas susmentionnés. De plus, qu’elles fassent repasser le permis aux chauffards, et surtout que les centres de visite technique soient construits dans les 14 régions du Sénégal. Le seul centre de visite technique de Dakar ne saurait suffire pour contrôler tous les véhicules du Sénégal.

Pour le moment, l’idée d’un permis à points ne peut être perçue que comme une fausse bonne solution calquée sur ce qui se passe à l’étranger. Même si une telle mesure est efficace en Occident, cela ne garantit en rien son efficacité sous nos tropiques. Raison pour laquelle nous parlions plus haut de mesures endogènes.

La tricherie et le mimétisme suscitent la paresse intellectuelle. Mais s’il advenait qu’on soit doué dans l’art de calquer ce que les autres font de bien, et de savoir en tirer le meilleur, dans ce cadre, on pourrait envisager une once de mérite pour le tricheur.

Seulement, les autorités sénégalaises ne sont même pas douées dans l’art de tricher, ni de tirer le meilleur du bon. Si cela était le cas alors le permis à points serait accompagné d’un test d’alcoolémie comme cela se fait en Occident. Là où le bât blesse, les autorités ne l’ignorent point. Mais, elles font mine de ne rien savoir. Nous, en tant que citoyens, en avons marre de la politique de l’autruche du gouvernement.

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