Le coronavirus aura imprimé ses marques à un landerneau politique national assagi sous l’effet de la pandémie. La question de la mort annihile toute velléité de politique politicienne.L’union sacrée a été enclenchée et les Sénégalais ont applaudi des deux mains avec la peur au ventre. En bon stratège, le Chef de l’Etat Macky Sall a battu le rappel des troupes sous le couvert d’une République menacée. Tous les opposants ont rangé leurs armes et dit Oui au Chef de l’Etat sur le perron du Palais. Quant à Sonko, il a mis les civilités en bandoulière seyant avec un Non qui résonne encore entre les murs du Palais. Tous travaillent pour Macky sauf lui !
Le Oui n’a de cesse que s’il est capable de dire Non au moment opportun. Et c’est bien cette audace dont le leader de Pastef Ousmane Sonko a fait montre avec brio en sortant des sentiers battus du Macky au lendemain du 2 mars date à laquelle notre pays le Sénégal a enregistré son premier cas déclaré positif au coronavirus. Ousmane Sonko n’a pas fait faux bond au Chef de l’Etat après son appel de tous les fils de la Nation au Palais pour combattre l’ennemi commun à tous : le Covid-19.Et sa première impression au sortir de son audience avec le président Sall est révélatrice d’un homme politique toujours constant avec lui-même. «« Ma seule présence ici suffit à démontrer que l’heure est grave », dixit le leader de Pastef. Il ajoute avec force conviction : « Nous sommes venus répondre à cette invitation, parce que nous considérons que les moments que nous vivons sont particulièrement graves et qu’ils doivent appeler chacun au sens de la responsabilité et du dépassement ». Toute l’opposition parlementaire a fait bloc autour du président de la République qui a déclaré la guerre au coronavirus. Khalifa Sall, Ousmane Sonko, Idrissa Seck, Pape Diop, Mamadou Lamine Diallo, Issa Sall, Pape Diop, Cheikh Bara Dolly Mbacké, Mansour Sy Djamil, etc se sont tous entretenus avec le chef de l’Etat. Ils ont été reçus séparément, mais tous les entretiens avec Macky Sall ont porté sur la pandémie du coronavirus et des mesures prises pour tenter de l’endiguer. Et tous les opposants ont exprimé leur désir de se battre aux côtés de Macky Sall pour gagner cette guerre. Mais Ousmane Sonko est le seul leader qui a opposé des objections au Chef de l’état relativement à la transparence qui doit sous-tendre la gestion de cette crise. Sonko a non seulement interpellé le chef de l’Etat sur la mise en place des différentes mesures annoncées et prévenu qu’il ne fallait pas que l’enveloppe prévue pour mener la lutte contre le coronavirus soit mal utilisée. « Nous sommes en crise. Mais en aucun cas, il ne faudrait pas qu’un franc destiné à ce combat se retrouve là il ne devrait pas être. Il ne faut pas que cet argent se retrouve ailleurs que dans la lutte contre le Covid-19’’, a-t-il averti. « Il faut de l’argent pour gagner une guerre, mais il ne faut pas que cet argent serve à acheter des [voitures] 4-4 » ou tombe dans les proches des lobbys », a-t-il insisté. Dire que politiquement, Ousmane Sonko apparait comme le seul leader qui a su anticiper sur les événements et oser dire Non là où les autres leaders sont tombés dans la nasse du Chef de l’Etat. L’ « antisystème » en encore eu raison du « système » ! Ce que les autres leaders de l’opposition ne comprennent pas, c’est que le président Sall les a appelés à un compromis qu’il a politiquement transformé en compromission. Parce qu’en politique, rien n’est anodin ! Demain, il fera jour.
