Arrivé à Lille à l’adolescence mais très peu aligné (7 matches en 3 saisons), Cissé était parti chercher du temps de jeu dans les Ardennes (1997/98), au sein d’un club évoluant en National, soit deux divisions plus bas. Un choix payant, le PSG le recrutant dès l’été suivant.
« J’ai le souvenir de quelqu’un d’ambitieux et de travailleur », souligne auprès de l’AFP Pierre Deblock. « Tous les lundis, on devait aller courir dans un bois et nous, les anciens, avions trouvé un petit raccourci sur le parcours. Alors qu’il venait d’arriver et qu’il était tout jeune, il nous a fait la morale. Ça m’a fait rire, on sentait qu’il voulait réussir », ajoute-t-il.
Agé de 21 ans, Cissé semblait déjà avoir intégré les exigences du haut niveau. Et même si Deblock assure en rigolant qu’il avait fini par emprunter le raccourci en fin de saison, il n’a jamais transigé sur les efforts à fournir.
Farid Fouzari, dont la grave blessure avait dégagé la voie à son jeune partenaire, abonde: « Il était très sérieux, dur sur l’homme mais rigoureux. C’était une très bonne personne sur le plan humain, un +pur Sénégalais+: très correct, poli et droit. Il était plus mûr que son âge mais à l’écoute des plus anciens. » « Il était très joyeux dans la vie, il voulait réussir mais, dans le vestiaire, il aimait bien rigoler », précise Deblock.
Autre ancien Sedanais, Cédric Elzéard garde lui l’image d’un « compétiteur hors pair » au leadership naturel. « Ce qui lui importait, c’était la gagne. Défensivement, c’était un joueur de duels, il aimait les remporter et jouait très simple à la récupération. Il connaissait ses points forts. »
Au-dessus du lot athlétiquement, Cissé était parfaitement armé pour répondre à l’intensité exigée par son entraîneur, Bruno Metsu. Aujourd’hui disparu, le technicien a emmené son joueur jusqu’en finale de la CAN et en quart de finale du Mondial en 2002. Et, au quotidien, son mantra se résumait en un mot: travail.
« Je n’ai jamais autant travaillé qu’avec Metsu », souffle Deblock. « Je lui dois tout donc je ne peux qu’être positif mais c’était très dur. En revanche, en dehors du terrain il plaisantait avec nous, c’était notre pote. Je ne suis pas étonné qu’Aliou soit devenu entraîneur parce qu’ils se ressemblent un peu dans le fait de vouloir gagner à tout prix », complète-t-il.
« Il ne se laissait pas marcher sur les pieds »
Tout neuf dans le monde professionnel, le futur sélectionneur ambitionnait alors simplement de gravir les échelons. Difficile à l’époque de déceler, dans son rapport au jeu, les contours de sa future carrière.
« C’était un leader sur le terrain, mais il y a plein de leaders qui n’ambitionnent pas forcément de devenir entraîneurs. Il était tellement jeune que c’était compliqué à imaginer », explique à l’AFP Cédric Elzéard. « Je n’y pensais pas non plus, mais je suis certain qu’avec son caractère ça doit être un bon meneur et un bon mec », sourit Deblock.
Près de dix ans plus tard, Farid Fouzari, devenu adjoint, a retrouvé Cissé à Sedan. En fin de carrière, le joueur n’avait pas vraiment changé. « Dire qu’il coacherait, sur le moment, non. Mais il avait les qualités nécessaires aujourd’hui: très posé, dynamique et sachant imposer ses idées. Sur le terrain, il ne se laissait pas marcher sur les pieds ».