La déclaration d’Abdoulaye Wade appelant ses partisans au boycott du scrutin ou, à défaut, de faire un choix entre Idy, Sonko ou Issa Sall, fait débat dans les rangs du Pds. Reportage !
L’affiche défraîchie du candidat recalé du Parti démocratique sénégalais (Pds), Karim Wade, trône toujours sur la façade de la permanence Oumar Lamine Badji où la récente déclaration d’Abdoulaye Wade alimente le débat. Les lectures divergent et les discussions sont houleuses.
Chacun tente d’imposer sa propre lecture du message du Pape du Sopi en cette veille de scrutin. Ici, l’incertitude est le sentiment le mieux partagé. La poignée de militants trouvés sur les lieux sont tiraillés entre : suivre l’appel au boycott et procéder à un choix parmi les trois candidats plébiscités par Abdoulaye Wade : Idrissa Seck, Ousmane Sonko et Issa Sall.
Tourmenté par cette délicate équation, Karamo Diamé, inconditionnel de Wade, préfère adopter la même posture que son mentor. Pour lui, être militant c’est : épouser la ligne de conduite du parti et appliquer à la lettre les mots d’ordre et il ne compte pas déroger à ces règles sacro-saintes du militantisme.
« J’appliquerai sans réserve la décision de Me Wade. On est dans le parti ou on n’y est pas. Moi, je suis et resterai Wadiste. Je ne voterai pas. Le jour du scrutin, je vais m’acheter un scrabble et passer tranquillement ma journée », renseigne Kara comme le surnomment les habitués des lieux.
Dans le hall, le débat fait rage entre d’un côté les partisans du boycott et de l’autre, ceux du « vote utile ». Pour sa part, l’ancien directeur de publication du défunt journal libéral « Sopi », Amadou Sarr, préfère lire entre les lignes pour décrypter la consigne, on ne peut plus claire à son avis, dissimulé dans le discours de Wade.
« La position de Me Wade est une position de principe. Il a toujours dit que le processus électoral est biaisé, s’y ajoutent l’élimination de son candidat Karim Wade et les chiffres annoncés par Macky Sall, tout cela montre que participer à ces élections c’est être complice de la mascarade. Maintenant, analyse-t-il, pour ne pas entraver la liberté des Sénégalais, il demande à ses militants et sympathisants de voter en indiquant une direction claire ».
Il ajoute: «Je pense que c’est objectif et c’est logique dans la mesure où aujourd’hui, les Sénégalais vont faire un vote utile. Ils voteront pour le candidat le plus apte à nous débarrasser de Macky Sall. Moi personnellement, je voterai pour Idy conformément à la direction indiquée par Wade »
Moussa Sané, membre de la fédération des cadres libéraux, rame à contre-courant. « Moi je ne voterai pas. Je suis pour la première proposition. C’est vrai que le vote est un devoir citoyen mais il doit s’exprimer dans le cadre d’une élection transparente. Ce qui n’est pas le cas de ce scrutin car le processus est vicié de façon volontaire pour manipuler le vote », tranche-t-il.
Quid des 992 mille électeurs de Wade ?
« Ne pas voter, à mon avis, c’est favoriser Macky Sall. Me Wade a dit que lui il ne votera pas mais il n’a pas dit à ses partisans de ne pas voter. A mon avis, plus le taux de participation est faible, plus Macky Sall a des chances de gagner. Les 992 mille voix d’Abdoulaye Wade au second tour de la présidentielle de 2012 doivent compter et doivent nous permettre de nous débarrasser de Macky Sall. C’est ça ce que Me Wade a indiqué.
Il ne faut pas le prendre au mot, Me Wade est un homme extrêmement nuancé. Il faut faire un vote utile et le vote utile c’est voter Idrissa Seck », estime Amadou Sarr qui souligne que « la plupart des fédérations du Pds ont rejoint Idy ». À l’en croire, « entre Wade et sa base, il y a un mariage presque charnel. La base est restée fidèle à Wade malgré les crises. Wade est assis sur un socle de granite. La direction est indique et c’est Idy. C’est le vote logique ».