Le Président Abdou Diouf et le Président Macky Sall ont ceci de commun qu’ils ont eu à des époques différentes, qualifié une frange de la jeunesse sénégalaise de jeunesse malsaine. Cela tient probablement à leur aversion à une jeunesse qui cherche plutôt à les contrarier outre mesure. Mais la remarque est d’autant plus pertinente qu’il convient de voir en quoi ce concept de « jeunesse malsaine » a été mitraillé à une frange de la jeunesse sénégalaise.
Si la jeunesse procède de la fleur de l’âge, Wade se plaisait souvent à rabâcher : « dis-moi quelle jeunesse tu as ,je te dirai quel pays tu seras ».Une maxime qui risque à bien des égards d’être l’exception à la règle de la jeunesse sénégalaise, ambitieuse et responsable .En effet, il nous suffit de franchir à reculons plusieurs décennies pour nous retrouver au cœur du règne socialiste, précisément en 1988. Wade opposant, donnait du fil à retordre à un Abdou Diouf tout puissant mais largement contesté par la jeunesse sénégalaise, à l’époque. Et en perspectives de l’élection présidentielle de 1988 à Thiès, Wade était le premier à choisir la place de France pour y tenir un meeting. Le Président Diouf réquisitionna la place pour y tenir en premier un meeting qui n’aura jamais eu lieu à cause des jets de pierre de la jeunesse Thièssoise qui ne pouvait accepter un tel coup de force. Le Président Diouf fut exfiltré pour être acheminé dare-dare à la base militaire de Thiès non sans qualifier la jeunesse Thièssoise de « jeunesse malsaine. Trente une année après, le Président Macky lui emboite le pas en qualifiant cette fois-ci, les rappeurs du groupe musical Keur Gui de jeunesse malsaine par opposition à : « Il nous faut une jeunesse saine ».En vérité, nonobstant les ratés de leurs politiques de l’emploi et les nombreux jeunes étudiants qui ont perdu la vie dans les campus universitaires pour des raisons contingentes, Diouf et Sall se rejoignent étrangement sur ce fameux concept de « jeunesse malsaine ». Gageons que le jour où nos Chefs d’Etat consentiront à parler de « jeunesse saine », ce sera probablement avec une politique de l’emploi à la mesure des grands défis que se consacrent les gouvernements responsables.