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Cameroun: enlèvement de plusieurs dizaines de collégiens en zone anglophone

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Soldiers patrol in Bafut, after the roof of a school's dormitory was set to fire overnight, on November 15, 2017, in the northwest English-speaking region of Cameroon. Authorities in Cameroon have imposed a night-time curfew on November 8, 2017 and ordered the closure of shops and public places in the main city in a region rocked by unrest among the country's anglophone minority. Four makeshift bombs exploded overnight on November 12, a week after four soldiers were killed in the two administrative areas where most of Cameroon's anglophone minority live. Their deaths have been blamed by the authorities on "terrorists" -- anglophones campaigning for the two English-speaking areas, the Northwest and Southwest Regions, to secede from Cameroon. / AFP PHOTO / -

Au Cameroun, 79 élèves ont été enlevés dans la nuit de dimanche à lundi dans leur établissement de Bamenda dans la zone anglophone du pays. C’est le kidnapping le plus important depuis le début du conflit entre séparatistes armés et forces de l’ordre.

Selon la version officiellement, l’enlèvement s’est produit dans la nuit de dimanche à lundi. Un plan bien planifié et mené sans accoc. Des hommes armés non identifiés ont pris d’assaut l’école secondaire presbytérienne située dans le quartier de Bamenda III, sur les hauteurs de la ville.
Un premier bilan des forces de sécurité faisait état de onze élèves enlevés alors qu’ils se trouvaient à l’internat. Mais le porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, affirme désormais que 79 élèves ont été kidnappés. Ce sont « majoritairement des garçons », indique de son côté un enseignant proche de l’établissement.
Le principal du collège, un chauffeur et un enseignant ont également été enlevés, ce qui porte le total à 82 personnes enlevées. Aucune revendication pour le moment, mais Issa Tchiroma Bakary est formel : les responsables de ce rapt sont les séparatistes ambazoniens.
Les recherches pour retrouver les otages ont en tout cas été lancées lundi. Le quartier a été quadrillé par les forces de sécurité alors que les populations restent cloîtrées chez elles en ce lundi « ville morte ».
Dans une vidéo de six minutes obtenue par RFI, onze adolescents déclinent un à un leur identité. Tous répètent avoir été enlevés de cet établissement de Bamenda par les « Amba boys », les séparatistes anglophones. Ils disent également ne pas savoir où ils se trouvent. « Nous allons ouvrir nos propres écoles ici », indique de son côté, un homme filmant la scène. « Nous allons rester ensemble et combattre pour l’Ambazonie », ajoute-t-il, faisant référence à l’Etat fantasmé que les séparatistes entendent créer.
Cette vidéo circule depuis lundi après-midi sur les reseaux sociaux mais selon les autorités, elle daterait d’un enlèvement qui aurait eu lieu dans le même établissement il y a quelques mois.
Zones d’ombre
Cet enlèvement soulève quelques questions. Selon les autorités camerounaises, les ravisseurs ont fait irruption dans le dortoir de l’école secondaire presbytérienne et ont contraint les élèves à monter dans un bus avant de se rendre en brousse. « Impossible », indique un enseignant proche de l’établissement. « Le bus ne comportait que quatorze places et fonctionnait péniblement ».
Si renfort de moyen de transport il y a eu, une autre question se pose : celle de l’heure du kidnapping. D’après les autorités, il s’est déroulé entre 4h et 5h du matin. Or, en vertu du couvre-feu en vigueur jusqu’à 6h, seuls les véhicules militaires, de polices et les ambulances sont autorisés à circuler. Comment, dans ce contexte, les ravisseurs ont-ils pu échapper à la vigilance des forces de sécurité déployées dans la zone ?
L’établissement, situé à la périphérie de Bamenda et entouré d’un grand mur d’enceinte, est en tout cas propice à des opérations discrètes. Les habitants du quartier n’ont rien entendu. L’alerte aurait été donnée aux alentours de 8h, selon une source militaire, qui évoque des complicités entre séparatistes armés et personnel de l’école.

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