Au Zimbabwe, la tension est palpable entre l’actuel et l’ancien président. Pour la première fois depuis son départ, Robert Mugabe est sorti de son silence lors d’une déclaration faite à la chaîne nationale sud-africaine, SABC. Et comme d’habitude, il n’a pas sa langue dans sa poche.
« C’était un coup d’Etat même si certains refusent de l’appeler ainsi ». C’est ce qu’a déclaré jeudi soir Robert Mugabe lors d’une interview diffusée par la chaîne publique sud-africaine, SABC. Il a déploré avoir été la victime d’un coup qu’il a qualifié de «honte à effacer».
« C’était réellement un renversement par l’armée. Il n’y a eu aucun mouvement visible jusqu’à ce que l’opération soit autorisée par l’armée », a-t-il insisté. Affirmant néanmoins ne pas en vouloir à son successeur tout en ajoutant : « Je voudrais travailler avec lui, mais il doit être légitime. Il n’est pas convenable aujourd’hui à son poste, il n’est pas légal. Nous devons effacer cette honte que nous nous sommes imposée à nous même. Nous ne méritons pas cela. Le Zimbabwe ne mérite pas cela ». Robert Mugabe qui a affirmé ne pas vouloir revenir au pouvoir.
Les élections en ligne de mire
La réponse du chef de l’Etat ne s’est pas fait attendre ce matin. Emmerson Mnangagwa a déclaré dans un communiqué que le pays « a tourné la page du règne Mugabe. Nous devons continuer à nous concentrer sur la préparation d’élections libres, honnêtes et crédibles en 2018 ».
Les relations entre les deux hommes se sont clairement dégradées. Pour rappel, il y a deux semaines, un militaire à la retraite a lancé un nouveau parti, condamnant notamment le traitement réservé à Robert Mugabe et dénonçant l’illégitimité de ce nouveau gouvernement. Une nouvelle formation à laquelle Robert Mugabe a semblé apporter son soutien.
La formation de ce nouveau parti, le soutien apparent de Mugabe à cette nouvelle formation et son interview télévisée, n’arrivent pas par hasard. A quelques mois des élections présidentielles, et alors que le président Mnangagwa est sous pression pour transformer le pays, Robert Mugabe contre-attaque.