La parole passe au principal prévenu dans le procès pour détournement de fonds publics, faux et usage de faux, impliquant Khalifa Sall, Mbaye Touré, Yatma Diaw, Yaya Bodian et Fatou Traoré.
Le Maire de Dakar s’est enfin expliqué ce mardi sur l’affaire de la caisse d’avance, devant le tribunal de grande instance statuant en matière correctionnelle. Il a d’emblée avoué avoir utilisé non pas une caisse d’avance, mais bien des fonds politiques.
« Tout ce qui était demandé était réglé en espèces. Il en est de même pour les autres manifestations, notamment la célébration du 4 avril et les visites de chefs d’État (étrangers). La nature (juridique) des fonds politiques demande la discrétion, c’est-à-dire de ne pas justifier les décaissements », renseigne le premier magistrat de la Ville.
Il en veut pour preuve l’inexistence d’archives quant à la gestion de ses prédécesseurs. « Tous les Maires sont partis après leur action et avec leurs cahiers. Nous, nous avons été très surpris d’être déféré ici (devant le tribunal). Les fonds politiques n’ont pas vocation à être justifiés. Les fonds sont sollicités par tout le monde, les malades y compris », se justifie Khalifa Sall.
Le Maire de Dakar refuse de donner des noms de malades qui ont eu à bénéficier des fonds politiques de la Mairie de Dakar. « Je ne citerai pas de noms, de bénéficiaires. De grandes autorités sont venues discrètement solliciter de l’aide. C’était soit pour soigner une maladie ou autre chose. Les fonds ont servi au dakarois à qui ils étaient destinés. Je n’ai pas un coffre-fort dans mon bureau. Les fonds supposés être détournés appartiennent à la Mairie et non à l’Etat », a-t-il précisé. Il estime que le seul tort de ses co-prévenus est d’être au mauvais endroit et au mauvais moment. « Ils (ses co-prévenus) n’ont rien fait », les a-t-il déchargé.
« L’argent des dakarois a servi aux dakarois. Il a servi à la population et aux administrations », a ajouté le Maire, qui révèle que même le président de la République s’est permis de le solliciter. « Même Macky Sall m’en a parlé, il m’a sollicité. Je ne donnerai pas de noms, mais si un bénéficiaire veut se manifester, c’est son droit », explique-t-il, avant que le juge n’écourte sa déposition, la toute première après sa déclaration préliminaire de lundi dernier.