Pour la première fois, en public, Aïssata Tall Sall, tacle le prédécesseur d’Abdoulaye Wade à la tête du Sénégal. Elle ne goûte pas son mutisme sur la crise au Ps, qui a conduit à l’exclusion de plusieurs responsables du parti dont elle-même.
« Je vais vous faire un aveu, prévient la maire de Podor dans un long entretien avec Wal fadjri paru ce jeudi. Je suis très déçue par la position d’Abdou Diouf. Je ne l’avais jamais exprimé depuis. Maintenant je le dis. »
Si la patronne du mouvement Oser l’avenir pouvait comprendre la réserve de Diouf sur les affaires du Ps à l’époque où il venait de quitter le pouvoir ou pendant qu’il dirigeait l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif), aujourd’hui elle juge cette attitude inopportune.
« Il nous a toujours fait comprendre qu’il était éloigné de la chose politique, rembobine Aïssata Tall Sall. À l’époque, il nous avait donné une réponse valable Il nous disait : ‘Écoutez, c’est la première fois qu’on voit une alternance dans notre pays. Si je me mets à commenter les choses politiques au Sénégal, mon successeur va dire que je suis en train de lui mettre les bâtons dans les roues’. »
« C’était une position magistrale que tout le monde avait respectée, s’enthousiasme la maire de Podor. Mais une fois qu’il a pris sa retraite au niveau de la Francophonie et qu’il est rentré au Sénégal, il est en train de porter Macky Sall en bandoulière comme son bébé et de le défendre. Mais bon sang, on ne lui demande pas autant pour le Parti socialiste. Mais qu’il essaie au moins, ne serait-ce que par une mission indirecte, de dire : ‘Attention, ce qui se passe, ne peut pas être le parti que j’avais laissé ; rassemblez-vous, discutez !' »
La député d’ajouter : « Il aurait pu le tenter parce que le partir lui a tout donné pendant quarante ans, mais il ne l’a pas fait. Il a peut-être ses raisons, mais j’ai le droit de dire que je suis déçue par son attitude. »