324 mille 209 enfants sont déscolarisés au Sénégal. Des chiffres fournis par l’Usaid ce mardi dans le cadre de son «Etude nationale sur les enfants et les jeunes hors du système éducatif au Sénégal». Dans le département de Tivaouane, la communauté éducative indexe la zone des Niayes comme principale responsable du taux très élevé d’abandon des élèves.
L’Etude nationale sur les enfants et les jeunes hors du système éducatif au Sénégal de l’Usaid révèle que le taux de déscolarisation est très élevé dans la zone rurale. A Tivaouane, plus particulièrement à Diogo, Fass Boye et Mboro, des localités au cœur de la zone des Niayes, les élèves du second cycle préfèrent plutôt poursuivre leur cursus dans les périmètres agricoles que dans les lycées trop éloignés à leur lieu de résidence. Ici le taux d’abandon ne se chiffre plus, renseigne le principal du Cem de Diogo : «Nous ne sommes pas en mesure de donner le chiffre exact des élèves qui abandonnent l’école après le Bfem, tellement le nombre est important.» Pour cause, estime l’enseignant, «c’est une zone de pêche et de maraîchage et les élèves préfèrent cultiver la terre ou aller en mer. Surtout que la plupart d’entre eux veulent plutôt gagner de l’argent que d’aller en cours. Et souvent, les parents sont complices puisqu’étant, pour la plupart, des illettrés». Ibrahima Diouf d’ajouter : «Il y a un fort taux de scolarisation mais au finish il y a un faible taux d’achèvement. Ils quittent l’école sans rien dire.» Même son de cloche du côté de l’inspection d’académie. «Les élèves quittent avant le Bfem ou après pour cause de problèmes d’hébergement dans les zones de localisation des lycées. Ces établissements sont trop éloignés de la localité. Pis, d’autres, pour vaquer à d’autres occupations, font tout pour être exclus. Les élèves préfèrent la brousse», se désole l’autorité académique. Sur ce tableau sombre, s’ajoutent les mariages précoces. Selon Astou Guèye, élève en classe de 3e au Cem de Diogo, «l’éducation n’est pas une priorité pour nos parents. Et le principal problème des jeunes filles est le mariage précoce. Les garçons, eux, se reconvertissent en agriculteurs dans les périmètres maraichers ou en pêcheurs. C’est rare de voir un élève qui suit son cursus jusqu’au Bac. Ils s’arrêtent très souvent au Bfem. Pour les parents, l’école n’a pas d’avenir», lâche-t-elle. Et de lancer un cri du cœur, «nous voulons être des références. Qu’on nous laisse dans les classes. Nous demandons la construction d’un lycée de proximité puisque celui de Darou Khoudoss est trop éloigné de notre zone». Dès lors, une sensibilisation autour des acteurs de l’éducation s’impose. Aussi, l’autorité académique d’informer que depuis 2 ans, l’Ia de Tivaouane fait tout pour retenir les élèves dans les classes en sensibilisant leurs parents mais aussi en les surveillant et en mettant un accent sur la dimension genre dans le recrutement des professeurs pour motiver les filles.
Par BN