L’eau à portée de main. Ce rêve est devenu est une réalité à Depal Mbaye et dans quatre autres villages environnants du département de Louga, grâce au Programme d’urgence de développement communautaire qui a réalisé un forage d’un débit de 50 mètres cubes heure et un château d’eau de 150 mètres cubes.
Ce mercredi 30 août 2017 est un jour mémorable pour Sada Sow. Commerçant de son état, il a fermé sa boutique d’alimentation générale. Muni de sa tablette, il a tenu à immortaliser chaque instant de l’inauguration du forage de son village, Depal Mbaye situé dans la commune de Nguer Malal, dans le département de Louga. « Beaucoup d’hommes politiques avaient promis de régler le problème d’eau de notre village mais leurs promesses sont restées lettre morte », confie-t-il, en arborant un large sourire. « Il y a des personnes décédées ; si, aujourd’hui, on pouvait les ressusciter pour leur dire que Depal Mbaye dispose désormais d’un forage, d’un abreuvoir pour le bétail et sera bientôt électrifié, elles ne nous croiraient pas», ajoute-t-il. « Ma joie est ineffable », poursuit Sada Sow, toujours en filmant.
Il est imité par de nombreux jeunes dont le photographe du village, El Hadj Fall qui a troqué son appareil contre une caméra. « Je vais faire un film de la cérémonie que j’enverrai aux ressortissants du village. Quand j’aurais un hôte, je le lui montrerai en lui racontant le problème d’eau auquel notre village était confronté et la joie des populations de disposer enfin du liquide précieux à portée de main », confie le photographe.
La forte mobilisation des populations de Depal Mbaye et celles des autres villages témoigne de l’importance de l’ouvrage. Les trois grandes tentes se sont révélées petites pour contenir l’assistance constituée de toutes les catégories d’âge. Créé avant l’indépendance, ce village fondé par le chef religieux Abdou Mbaye était confronté à un réel problème d’accès au liquide précieux. Sada Sow rappelle qu’adolescent, il allait, chaque jour, perché sur une charrette, chercher l’eau dans les villages environnants dont le plus proche était distant de 5 kilomètres. « La recherche de l’eau était une véritable corvée », soupire-t-il, soutenant que tout calvaire a une fin même s’il n’espérait pas vivre ce moment si tôt. Le boutiquier souligne que pendant 12 ans, seul le chef religieux et ses disciples ont habité le village à cause du problème d’eau.
Sensible au calvaire des populations, en 1977, l’homme d’affaires et marabout, le défunt Djibly Mbaye avait décaissé 30 millions de FCfa pour la réalisation d’un puits en faisant appel aux services de l’hydraulique. Malheureusement, à cause de problèmes techniques, les travaux n’avaient pas abouti, explique un prospectus distribué à l’assistance. Mais l’homme d’affaires ne baissa pas les bras. Il fit appel à l’entreprise Sonaford dirigée par le français Diboss et celle-ci creusa un puits ; ce qui permit aux habitants de Depal Mbaye de disposer de l’eau. Mais le problème n’était qu’à moitié résolu. Un puits ne suffisait pas à alimenter toute la communauté. Il fallait autre chose pour avoir suffisamment d’eau car, dans cette zone, la nappe phréatique est profonde.
En 2011, en tournée de pré-campagne électorale, lors de son passage à Depal Mbaye, la principale doléance du Khalife général, Serigne Saër Mbaye, au futur chef de l’État, Macky Sall, fut la construction d’un forage, l’électrification et la réalisation d’une piste rurale. L’actuel chef de l’État avait pris bonne note, en promettant, une fois élu, d’exaucer ce vœu. En 2014, il renouvela cet engagement et recevant, en 2016, en audience au palais de la République, le Khalife général Serigne Saër Mbaye, il donna des instructions fermes pour la réalisation du forage. En six mois, l’ouvrage est réalisé au grand bonheur du guide religieux, de ses disciples, des populations et des autorités locales. Tous les intervenants, dans leur discours, ont exprimé leur gratitude pour la réalisation de ce forage qui vient, disent-ils, mettre fin à « plusieurs décennies de manque criant d’eau». Les autorités locales n’ont pas manqué de formuler d’autres doléances liées toujours à l’eau, à l’électrification et aux pistes de production.
Plus de 17 kilomètres de réseau
Le forage a un débit de 50 mètres cubes heure et le château d’eau a une capacité de 150 mètres cubes. Il dispose d’un abreuvoir, d’une potence, d’une cabine de pompage, d’un groupe électrogène et d’un logement pour gardien. L’ouvrage est doté d’un système d’alimentation multi villages d’un coût de 210 millions de FCfa. D’une profondeur de 273 mètres, il polarise cinq villages : Keur Banane Fall, Pété Aly Ngounta, Pété Warack, Darou Salam Ndiack et Depal Mbaye, soit un réseau d’addiction d’eau de plus de 17 km. Ce réseau permet d’approvisionner une population d’environ 3.000 habitants et un cheptel estimé à 5.000 têtes. A la demande des autorités locales, Cheikh Diop, le directeur national du Pudc, a promis que le réseau sera étendu « dans un futur proche » à d’autres villages environnants qui n’ont pas encore accès à l’eau potable. « Nous sommes en train de discuter avec les services du ministère de l’Hydraulique pour que le réseau puisse être étendu afin que ces populations qui manquent d’eau puissent en avoir », a-t-il déclaré.
Le directeur national du Programme d’urgence de développement communautaire a rappelé la philosophie dudit programme qui consiste à réduire les inégalités entre les zones urbaines et rurales en termes d’accès à l’eau, à l’électricité, aux pistes de production par une allocation équitables des ressources publiques.
(Source : Le SOleil)
Par BN