Youssou Ndour avait déjà dit que son groupe Futurs Médias était candidat à une licence mobile. « Il n’a jamais caché son intention d’obtenir la quatrième licence de télécoms et il a même travaillé avec son ami, Cheikh Amar ». Mais le chemin est encore long, car en réalité le Sénégal n’a pas encore décidé de lancer un appel d’offres pour cette quatrième licence. Il y a une clause avec Expresso et surtout, le marché est pratiquement arrivé à saturation avec un nombre d’abonnés aujourd’hui supérieur pratiquement à la population.
« Aussi, le principal problème que Youssou Ndour risquait de rencontrer c’est la capacité financière ». « Il est difficile pour un privé sénégalais de mobiliser pas moins de 100 milliards, même les banques locales ne pourront jamais suivre pour un tel montant sur une licence de télécoms et il fallait déjà faire un cahier de charges avec des gens du métier. Il est très entreprenant, mais You n’avait aucune chance pour remporter cette quatrième licence ». Mais ce qu’il vient d’obtenir, la licence d’opérateur virtuel,signe l’entrée dans le système de l’enfant de la Médina.
« Depuis quelque temps, il ne cesse de dire à son entourage qu’il va faire de You Mobile, un succès. Il a une vision claire du business et compte avoir autant sinon plus d’abonnés que Kirène ». Le premier opérateur virtuel sénégalais compte déjà plus de 2 millions d’abonnés. « C’est la première cible de Youssou Ndour, surtout qu’il a obtenu une sous-licence avec Orange, il va rentrer dans une zone exclusivement réservée à Kirène ». Les Libanais qui contrôlent la marque sont au courant depuis plusieurs semaines.
« Il va y avoir de l’ajustement dans les affaires de Kirène, ce serait un combat frontal avec le musicien ». Ndour compte s’impliquer personnellement pour faire la promotion de sa marque. « Il sera la mascotte de You mobile et va mettre grandement à contribution sa télévision, ses chaînes de radios et son journal pour lancer son nouveau produit.
Il fera également des concerts gratuits dans ce sens ». Bref, l’artiste ne manque pas d’idées pour lancer son nouveau bijou. Reste maintenant au chanteur de trouver les moyens financiers de son projet. « Il faut minimum des investissements de 2 milliards pour lancer un tel produit, les états financiers du Groupe Futurs Médias ne permettront jamais de mobiliser un montant pareil ». Il faut dire qu’à cause de plusieurs centaines de millions de dettes, de traites et de chèques impayés, le groupe a été interdit de banques dans plusieurs établissements financiers de la place de Dakar. « D’énormes charges pèsent sur le groupe Futurs Médias, un actionnaire comme Cheikh Amar qui détient 34% du capital a pendant longtemps arrangé les fins du mois,les recettes n’ont jamais couvert les charges, c’est ainsi que le groupe s’est beaucoup endetté et aujourd’hui les dettes pèsent lourdement dans les comptes ». C’est face à ce déficit quasi structurel que Youssou a décidé de lancer de nouveaux produits. « Il faut des produits rentables pour que le groupe puisse faire face à ses charges. La masse salariale du groupe s’est envolée à plus de 200 millions. « D’ailleurs, pour arrêter l’hémorragie, You a demandé à ses équipes d’arrêter tout recrutement jusqu’à nouvel ordre. » « Les tensions de trésorerie sont permanentes au niveau des structures de Futurs Médias au point que certains mois, les salaires sont payés en deux tranches, il y a ceux perçoivent vers le 5 et un autre groupe vers le 10, ce qui n’était jamais arrivé depuis fort longtemps ».
Le tirage de l’Obs a connu une baisse
Le quotidien L’Observateur n’imprime plus à 100 000 exemplaires. C’est entre 50 et 60 000 exemplaires qu’est tiré le journal. Face à des problèmes permanents d’approvisionnement en papier, la pagination de l’Obs s’est épaissi et compte 16 pages désormais. « Les ventes du journal l’Obs ont longtemps était un matelas financier pour le groupe, mais la presse papier recule et le quotidien ne peut plus tenir à lui seul le groupe ». Selon un ancien de GFM, les comptes du groupe risquent dans un avenir proche d’être rattrapés par les dites dettes. Une dette à milliards ? Difficile de trouver une réponse car les résultats du groupe ne sont pas publics. S’y ajoute une autre créance que Youssou Ndour et Gfm avaient contracté auprès d’Exim banque Afrique.
Une ligne de crédit de 12 milliards avait été ouverte par cette banque pour l’artiste. Ce dernier avait acheté une imprimerie à plus de 2 milliards, mais la machine s’est écrasée au Port de Dakar à la suite d’une mauvaise manutention. Le musicien était entré en contentieux avec Dp World, mais depuis lors aucune solution n’a été trouvée.
« Pendant ce temps, les échéanciers de remboursement de prêt ont démarré sans que les activités de l’imprimerie puisse connaître un début ». « Le groupe s’est retrouvé à payer une machine qui n’a jamais produit un seul document ». Avec cette imprimerie, la star sénégalaise voulait rentrer dans le secteur juteux du cartonnage. Il avait commandé une très bonne machine, mais ça a mal tourné. « Quelque part c’est comme s’il y avait une main invisible qui sabotait ce projet », dit un de ses proches. En tout cas, depuis plusieurs années, le bâtiment industriel devant abriter ce projet est prêt à Diamniadio et son fils Birane Ndour est au cœur de ce projet que tout le groupe attendait.
TFM Religions, TFM Sports
Malgré ses difficultés, Youssou Ndour n’abdique pas. Il veut fonder un empire médiatique. Il compte déjà plusieurs chaines de télévision. TFM, la plus connue, mais aussi TFM Religions, TFM Sports, et TFM actualités qui sont disponibles sur le satellite avec le bouquet Eutelsat. Un accord avait été signé avec cet opérateur satellite pour lancer un bouquet capable de faire face à Canal. « Mais les moyens ont manqué au projet ». Dans le domaine de la presse papier, L’Obs est le navire amiral. Il serait sur le point de lancer également un nouveau quotidien sportif après une expérience qui a mal tourné.
Dans le domaine de la radio, il a lancé une nouvelle radio musicale en plus de la RFM qui est présente dans plusieurs villes du Sénégal. L’intégration de You Mobile dans le groupe pourrait,s’il réussit, donner une santé financière à un groupe de presse mal en point.
(Source : Challenge)
Par Benjamin