Home A la une Nécrologie : Le célèbre peintre Ibou Diouf s’en est allé.

Nécrologie : Le célèbre peintre Ibou Diouf s’en est allé.

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Décédé hier, mercredi 7 juin à l’Hôpital général de Grand-Yoff, le peintre Ibou Diouf a été inhumé le même jour au Cimetière musulman de Yoff. Il avait 76 ans. Peintre, décorateur, illustrateur ou encore tapissier, l’homme, un «artiste complet», était «un des piliers de l’Ecole de Dakar». A l’autre du bout du fil, nos interlocuteurs témoignent…

Triste nouvelle…Un «artiste complet» nous a donc quittés hier, mercredi 7 juin, il avait 76 ans. Né le 20 novembre 1941 à Tivaouane, le peintre Ibou Diouf, irréductible à cette seule étiquette, était connu pour avoir réalisé, en 1966, l’affiche du tout premier Festival mondial des arts nègres (Fesman)…Après avoir à l’époque remporté le Grand prix d’Affiche de ce premier Fesman.
L’an dernier au mois de décembre, pour son demi-siècle de création artistique, l’homme avait plus ou moins dû faire le tri, entre ses milliers d’œuvres d’art, pour une exposition inédite à l’intitulé poétique, «Du sommeil au rêve», que la Galerie nationale d’art avait eu le privilège d’accueillir…Ne serait-ce que pour la «sobriété du trait de l’artiste», sa peinture à la fois «dépouillée et profonde», pour reprendre les propos du commissaire d’exposition Demba Ndiaye, à l’époque, dans les colonnes du quotidien national Le Soleil.

Le journaliste Aboubacar Demba Cissokho se souviendra quant à lui de cette interview que l’artiste lui a gentiment accordée, juste avant le vernissage de cette exposition, la veille pour être précis, et Dieu sait qu’il en avait «longtemps» rêvé. Mais disons que l’artiste n’était pas du genre à faire de «grands discours», «il accordait (d’ailleurs) rarement des interviews», dit notre confrère, qui laisse entendre que Ibou Diouf était surtout un «homme d’action», qui avait tout de même «la théorie de son art» : cette façon qu’il avait de «parler de son travail», de vous expliquer pourquoi il avait choisi de faire les choses de telle façon, par exemple.

Ibou Diouf était aussi l’ami du président-poète, et cela, dit le président de la Plateforme des arts visuels du Sénégal, le plasticien Viyé Diba, «gagné par l’émotion», voulait évidemment tout dire, laissant entendre qu’un homme comme Senghor ne pouvait évidemment pas se prendre d’affection pour un artiste quelconque. Ibou Diouf, dit encore Viyé Diba, c’était à la fois «la maîtrise» de la couleur, des «couleurs chaudes, proches du Sahel», de l’ «espace pictural» et «des règles de composition». Avec la dextérité d’un «grand maître».
Sans oublier qu’il n’avait jamais rechigné à s’impliquer personnellement ; que ce soit pour le Forum des arts, ou pour la Plateforme des arts visuels du Sénégal, dont il était lui-même «membre fondateur».
De ce milieu des arts justement, vous entendrez quelqu’un comme le médiateur culturel Idrissa Diallo, qui a assisté à la levée du corps du défunt, hier, mercredi 7 juin à l’Hôpital général de Grand Yoff, suivie de l’inhumation au Cimetière musulman de Yoff. Pour notre interlocuteur, que l’on a senti très ému à l’autre bout du fil, «le nom de l’artiste était étroitement lié» à l’histoire du Fesman, à la peinture ou à la tapisserie de chez nous. Quand on sait que, à sa sortie de l’Ecole des arts, il occupera les fonctions de Chef décorateur au Théâtre National Daniel Sorano, et de directeur-adjoint de la Manufacture nationale des tapisseries du Sénégal.
On lui doit aussi plusieurs décors de cinéma et autres costumes de théâtre, pour des pièces comme « L’Exil» d’Alboury de Cheikh Aliou Ndao, « Les Amazoulous» de Abdou Anta Kâ…
Ibou Diouf, «l’un des piliers de l’Ecole de Dakar», était pourtant resté d’une grande «humilité», fait remarquer Idrissa Diallo, même avec toutes ses expositions ici et là, entre le Brésil, la France, l’Algérie, le Canada, en «digne ambassadeur de son pays».
Au-delà de l’artiste, l’homme, disent nos interlocuteurs, était profondément…humain : «ouvert et affable», dit Viyé Diba, et d’une «grande générosité», ajoute Aboubacar Demba Cissokho : «Il n’hésitait pas à dire tout le bien qu’il pensait du travail des autres».
Ibou Diouf, c’était aussi ce monsieur très «spirituel», dont se souviendra Viyé Diba, avec le souci de la «chose publique», de «l’éthique et de la morale», mais sans élever la voix.

(Source : SudQuotidien)

Par Benjamin

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