Le gouvernement et l’état-major ivoirien, comme depuis le début de cette crise qui a été particulièrement tendue dans le pays, communiquent a minima sur cet accord. Il est donc pour l’instant impossible d’obtenir des renseignements précis sur le contenu de l’accord. Ceci étant, différentes sources, militaires ou non, à Abidjan et Bouaké, annoncent que les mutins ont obtenu ce qu’ils réclament à cor et à cri depuis vendredi, soit le reliquat de 7 millions de francs CFA, presque 11 000 euros, pour environ 8 400 militaires.
Les spéculations ont un temps abordé un éventuel échelonnement de cette somme, avec une première partie en mai et le reste en juin, mais c’est finalement la totalité de la somme qui a déjà commencé à être versée sur les comptes des militaires, indique-t-on.
La population soulagée
Les mutins ont le triomphe modeste. Ceux que RFI a pu interroger portent un discours fait de discipline, de discrétion militaire et de pardon vis-à-vis des populations. A Abidjan, beaucoup regrettent d’avoir dû en arriver à ce genre de procédé pour se faire entendre.
« Nous avons trouvé un terrain d’entente, donc, avec l’ensemble des militaires, nous avons décidé de rentrer dans les casernes pour que la population puisse sortir, vaquer à ses occupations. Nous avons confiance en nos autorités. […] On ne vous dit pas qu’on nous a donné l’argent. Je viens de vous dire : nous avons confiance en nos autorités. […] Tout ce qui s’est passé, vraiment, nous regrettons tous aujourd’hui. Ce n’était pas nos souhaits. Mais souvent situation oblige. Je crois que le message est passé. On rentre dans les casernes et nous sommes aux ordres de la République », assure un mutin.
La population, elle, est soulagée. Après quatre jours de paralysie, la vie a très vite repris puisque les commerces ont tous rouvert, tout comme les corridors routiers. A présent, il va falloir faire passer les innombrables camions qui étaient bloqués de part et d’autre de la ville.
Une gestion de crise qui laisse perplexe
Les Bouakéens ont des sentiments mitigés par rapport à ces évènements : certains en veulent aux militaires de les avoir terrorisés, et parfois molestés ou rackettés. Pour d’autres, le gouvernement n’avait qu’à payer tout de suite plutôt que de tergiverser.
Il est encore un peu tôt pour tirer des conclusions à long terme de ces événements, mais cette énième crise militaire, après novembre 2014 et janvier 2017, montre bien que quelque chose ne tourne pas rond dans l’armée ivoirienne. La gestion de cette dernière crise laisse perplexe tous les observateurs nationaux et internationaux sur la capacité de l’Etat à faire respecter l’ordre dans les casernes.
Il faut espérer que les mesures prises, des primes jusqu’à l’aménagement de casernes ou l’achat de matelas, vont apaiser les troupes. Mais cela a un coût : ce seront des dispensaires, des écoles et des routes en moins pour le reste du pays.
(Source : PressAfrik)
Par Benjamin