Bien que décédée depuis juillet 2015, le mannequin Maty Mbodj était hier l’absente la plus présente au procès de Godewine Okéchukwu Okoko et Uduko Ebubu. Ces deux ressortissants nigérians nés en 1977 comparaissaient pour les faits d’offre et de cession de drogue en vue de la consommation. Et si le nom du défunt mannequin, mort par overdose, est apparu lors de l’interrogatoire d’audience, c’est que les deux prévenus sont accusés d’être les fournisseurs de drogue de Maty Mbodj. En effet, le duo a été arrêté dans le cadre de l’enquête ouverte à la suite de la mort du mannequin. Au cours de leurs investigations, les éléments de la Sûreté urbaine ont reçu l’information selon laquelle la défunte s’approvisionnait auprès de ressortissants nigérians établis à Nord-Foire. Exploitant avec minutie ce renseignement, les policiers ont procédé à une opération d’infiltration qui a permis d’interpeller les deux suspects dans la nuit du 20 au 21 septembre 2015. D’après l’enquête de police, ils étaient en train de livrer de la cocaïne à des clients qui malheureusement ont réussi à s’enfuir. Au cours de la fouille, Okoko a été retrouvé détenteur de 2,5g de cocaïne ainsi que de l’argent d’un montant de 99 000 F CFA. Quant à Ebube, il possédait 2 grammes de cocaïne qu’il tentait d’écouler ainsi que la somme de 12 000 F CFA. Interrogé sur la provenance de cette drogue, le premier déclarait l’avoir achetée à 40 000 F CFA auprès d’un certain Ibrahima établi aux Parcelles Assainies, dans l’intention de la livrer à un de ses clients nommé Doudou Guèye. Il a précisé que c’est au moment où ce dernier déballait le paquet pour lui remettre sa part que les policiers avaient investi les lieux pour l’interpeller. Ebube indiquait pour sa part avoir acquis la drogue à 35 000 F CFA auprès d’un « dealer ivoirien du nom de Aloko ». Il a soutenu que c’était pour satisfaire la commande d’un client moyennant la somme de 37 500 F CFA.
Poursuivant leurs propos, les présumés trafiquants ont révélé qu’ils s’adonnaient à l’usage et à la livraison de drogue sur demande de leurs clients depuis longtemps, en précisant cependant qu’ils ne connaissaient pas l’adresse précise de leurs fournisseurs dont ils indiquaient toutefois les numéros de téléphone. Ecroués pour détention et trafic de drogue par le juge du 5ème cabinet d’instruction, les inculpés ont réitéré leurs aveux. A la fin de l’instruction, le juge a disqualifié les faits en offre ou Cession en vue d’une consommation personnelle. C’est la raison pour laquelle les deux Nigérians se sont retrouvés devant le tribunal correctionnel et non devant une chambre criminelle. Et face aux juges, Okoko et Ebube ont tenté de se disculper avant de faire des aveux à leur manière. En effet, Okoko a soutenu qu’au moment de son arrestation il ne détenait plus la drogue mais avait juste de l’argent d’un montant de 250 000 F CFA destiné à l’achat d’habits pour son épouse et ses enfants. Quant à son co-prévenu, il a laissé entendre que la drogue qu’il détenait était destinée à sa simple consommation et qu’il n’est pas un dealer. Il a cherché à limiter sa responsabilité pénale en déclarant qu’il ignorait le nom. « Oloko m’a vendu de la poudre blanche, je ne sais pas comment on l’appelle au Sénégal mais au Nigéria, de la cocaïne », a déclaré Ebube. Interrogés sur leur relation avec Maty Mbodj, ils ont déclaré qu’ils ne connaissaient pas le défunt mannequin.
Jugeant les faits constants, le substitut Pape Ismaël Diallo a requis trois ans ferme. Me Iba Mar Diop qui assure la défense des prévenus a demandé une disqualification des faits en détention en vue de l’usage. Ceci compte tenu de la quantité de drogue trouvée chez les prévenus. Ainsi, a-t-il a sollicité une application bienveillante de la loi. Délibéré le 9 mai prochain.
(Source : Enquête)
Par Benjamin.