L’échec d’Abdoulaye Bathily à l’élection à la présidence de la Commission de l’Union Africaine est due au manque de politique rigoureuse des dirigeants sénégalais. Telle est la conviction d’un diplomate sénégalais chevronné.
« Comment pouvez-vous imaginer que le Sénégal par exemple, puisse envoyer Abdoulaye Bathily chez Denis Sassou Nguesso, considéré comme un dictateur », s’interroge le diplomate sous le couvert de l’anonymat.
Selon toujours le diplomate contacté par le journal Vox Populi, « cette démarche est une erreur diplomatique grossière ». Avant d’ajouter que, « ce n’est pas parce que tu as été voir un chef d’Etat africain qu’il va voter pour toi le jour-j. En matière de diplomatie, il faut toujours tenir compte de cela. Les choses sérieuses se jouent le jour du vote, dans les coulisses. Il faut que les Sénégalais le sachent ».
D’après lui, dans de pareils moments, le Sénégal devait recourir aux diplomates à la retraite pour les envoyer auprès des chefs d’Etat et de gouvernement. Un diplomate à la retraite n’est pas un pièce à remettre au placard. On ne peut pas envoyer un ministre qui n’a jamais fait la diplomate, qui n’a jamais travaillé comme diplomate dans des moments cruciaux, ils n’ont pas le talent qu’il faut. Ce sont des erreurs diplomatiques », assure-t-il en soulignant qu’ils s’y sont mal pris.
Sur sa lancée, le diplomate sénégalais considère que « si on en est arrivé jusqu’à ce que le Tchad remporte les élections devant nous, il y a un problème. Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, en diplomatie, ce n’est jamais acquis d’avance ».
Pour lui encore, on pouvait utiliser Ibrahima Fall, Amadou Makhtar Mbow et d’autres comme missionnaires. « On a un fichier de diplomates de très haut niveau mais on ne l’a pas exploité. Les gens doivent savoir qu’on est un jeune gouvernement avec des gens qui n’ont pas des carnets d’adresse. Même si vous n’avez pas de bons rapports, il y a des moments où c’est l’intérêt du Sénégal qui est en jeu », conclut-il.