En marge du sommet du G20 qui a débuté le 5 septembre à Hangzhou en Chine, le chef de l’Etat sénégalais s’est entretenu avec CCTV-Français. Une interview exclusive où Macky Sall veut faire entendre la voix de l’Afrique.
omment percevez-vous les nouveautés du G20 de cette année ?
Nous, Africains, avons des préoccupations spécifiques. Nous voulons que l’industrialisation touche notre continent. Si la croissance globale est si terne, si elle est si médiocre, c’est parce qu’il y a des endroits dans le monde qui pourraient y contribuer mais qui ne le font pas parce qu’ils ont besoin d’investissement. Et l’Afrique est un continent de 30 millions de mètres carré. C’est un milliard d’individus avec au moins 300 millions de consommateurs qui ont un revenu intermédiaire. L’Afrique a besoin de financement. L’Afrique ne vient pas pour tendre la main mais nous disons que nous voulons un programme de partenariat qui permette au continent au moment où il a besoin de décoller, d’avoir l’énergie nécessaire pour le faire. L’Afrique étant une grande consommatrice de biens et services, c’est toute l’Humanité qui en bénéficiera.
Nous sommes venus apporter la parole des partenaires africains aux membres du G20 et aussi plaider pour que l’Afrique bénéficie du produit de ses ressources. Aider l’Afrique à s’industrialiser c’est le fameux programme que le président Xi a lancé à Johannesburg. L’industrialisation de l’Afrique passe par l’électrification d’abord. Une électricité, à bon marché. Là aussi, on verra les questions sur les changements climatiques et la nécessité pour les pays, les grands pays de participer dans le financement des fonds verts pour que l’Afrique puisse avoir accès à des sources d’énergie propres mais compétitives. Voilà les enjeux que nous voulons poser en marge du G20 et plaider pour que l’Afrique soit au coeur des préoccupations. Le président Xi nous a fait vraiment plaisir pour sa prise en charge de ces questions mais aussi le plaidoyer qu’il peut faire auprès des membres du G20.
Quelle est votre vision de la gouvernance mondiale et du rôle des pays émergents, des pays africains dans la gouvernance mondiale. Comment peuvent-ils faire pour avoir droit à la parole ?
Nous avons constaté que la gouvernance mondiale telle qu’elle est aujourd’hui, elle n’est pas juste. Nous, pays africains, nous pesons très peu, à peine 1% même pas sur les institutions de Bretton Woods comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Donc, notre parole en vérité elle ne compte pas et nous pensons que ce n’est pas juste. Ce n’est pas parce que nous sommes de petites économies qu’on peut ne pas tenir compte de nos préoccupations. Nous avons des problèmes. Nous voulons un monde ouvert, compétitif, inclusif mais solidaire et aussi respectueux de nos valeurs parce que ce n’est pas parce qu’on n’est pas riches que l’on ne doit pas nous respecter pour ce que nous sommes. Nous sommes différents. Chacun est différent. Il faut qu’on nous accepte avec notre identité d’africains. Si nous l’obtenons au G20, je crois que nous aurons réussi un très grand G20 à Hangzhou qui est une belle ville qui mérite bien son titre de Paradis sur Terre.
Seneweb