Soudain une grande clameur et des applaudissements s’élèvent de la maison d’en face et le bruit arrive jusque-dans la ruelle attenante pourtant prise d’assaut par des femmes faisant la cuisine dans un coin.
Après informations, on apprend que ces supporters célébraient le but marqué par le milieu de terrain sénégalais de West Ham, Cheikhou Kouyaté contre Arsenal pour l’ouverture de la saison de Premier league, le championnat d’élite en Angleterre.
A l’image de cette famille des HLM Grand Yoff, les férus de football au Sénégal sont devenus des incollables sur le football anglais, ses joueurs et ses codes. Surtout depuis 2002, quand El Hadj Diouf et ses coéquipiers de l’équipe nationale l’ont rejoint, informe ce quinquagénaire. Il qualifie la Ligue 1 française de ‘’navétanes (le championnat national populaire organisé pendant les vacances scolaires au Sénégal).
‘’Pas de place pour le championnat français dans mon agenda’’, dit-il sans sourciller, soulignant qu’il préfère aller suivre la Ligue 1 sénégalaise quand les matchs sont programmés au stade Demba Diop.
A Fann Hock, un quartier proche du centre ville de Dakar, l’intérêt croissant pour la Premier league est proportionnel au départ en masse de footballeurs sénégalais vers ce championnat devenu le plus riche en Europe.
Trentenaire, Martin, qui a taquiné le ballon dans l’ASC du coin quand il était cadet (moins de 17 ans), clame son amour du football anglais à celui qui sait l’écouter.
Mais, lui était déjà branché depuis le temps des ‘’Paul Gascogne’’, l’ancien meneur de jeu anglais dans les années 90.
‘’Le championnat anglais reste celui qui suscite le plus d’intérêt chez moi. Dans ce championnat presque tous les matchs sont considérés comme des derbys, parce qu’ils mettent de l’intensité, du sérieux et tous les ingrédients nécessaires’’.
Son voisin qui s’est présenté comme un joueur de l’ASC Fann abonde dans le même sens, soulignant que rien ne peut lui faire rater un match de Premier league.
‘’Chez moi, je me suis interdit les cérémonies familiales comme les mariages et les baptêmes quand les matchs anglais sont programmés’’, a-t-il dit le plus sérieusement du monde.
Vieux Ndiaye a lui aussi complètement déménagé comme la plupart des Lions du championnat français vers l’anglais avec l’argument selon lequel il a besoin de suivre ce que font les enfants du pays chaque week-end.
Pour cette saison 2015-2016, sept internationaux sénégalais ont été titularisés le week-end dernier, lors de la première journée de Premier league.
Aby, étudiante en sociologie, ne se sent pas mal à l’aise dans ce milieu d’homme puisqu’elle s’informe et suit le football depuis sa tendre enfance.
Elle aussi est subjuguée par l’intensité des matchs et l’âpreté des duels entre les joueurs et les clubs de ce championnat.
‘’Ce championnat est disputé jusqu’à la fin. C’est le seul championnat ou le vainqueur est connu lors de la dernière ou l’avant dernière journée. De plus, même si le match est dépourvu d’enjeu, ils y mettent le sérieux et le dynamisme qu’il faut’’, dit-elle.
La soixantaine, le taxi Momar Ndiaye , reste scotché, quand il a temps, sur le championnat français qui a toujours accueilli les premières stars sénégalaises de football.
‘’De notre temps, c’est le championnat français qui était le plus médiatisé. C’est maintenant qu’on entend parler des championnats anglais et espagnol’’, rappelle-t-il.