L’Association des juristes sénégalaises (AJS) a plaidé, samedi à Dakar, en faveur de la mise en application par l’Etat du protocole de Maputo sur l’avortement médicalisé, afin de sauver la vie de nombreuses femmes et filles, faisant recours à l’avortement clandestin en cas d’inceste ou de viol.
« L’avortement médicalisé est un principe posé dans la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique (…) pour sauver des vies », a dit Fatou Kiné Kamara, présidente de l’association.
Le Protocole de Maputo qui veut établir la légalisation totale de l’avortement a été signé par le Sénégal depuis 2004, a rappelé la juriste qui s’exprimait au cours de la célébration des 40 ans de son association.
« Depuis 2004, l’Etat du Sénégal a signé et ratifié ce protocole, et il est temps, 10 ans après, qu’il soit mis en œuvre, d’autant que chaque jour qui passe, il y a des femmes et des filles qui meurent », a-t-elle déploré.
Selon elle, des conditions ont été posées pour l’application du Protocole de Maputo. »On a dit en cas de viol, d’inceste en cas d’atteinte à la santé mentale et physique lorsque la vie de la mère ou du fœtus est en danger », a-t-elle précisé.
Recevant un prix de décerné par l’AJS pour sa participation à la promotion et la protection des droits des femmes et des enfants, le président du groupe parlementaire Bennoo Bokk Yaakaar (BBY) , Moustapha Diakhaté, a indiqué que ‘la loi sur la légalisation de l’avortement en cas d’inceste ou de viol n’est pas encore parvenue à l’Assemblée nationale’.
Cependant, il a invité l’Etat du Sénégal à respecter la signature de cette convention « ‘qui, juridiquement, (est) supérieure à notre Constitution et en même temps aux lois organiques ».
« Nous devons tout faire pour que même avant la fin de l’année, une loi soit votée pour légaliser l’avortement en cas d’inceste ou de viol. Mobilisons nous pour une loi forte en cas d’inceste ou de viol », a-t-il exhorté.
De son point de vue, « une femme victime d’inceste ou de viol n’a pas sa demeure dans une prison encore moins aux cimetières. Le Sénégal qui est une République ne doit pas confiner la femme à ce statut de précarité et à la limite même victime sans réparation de la violence ».